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Atelier d’écriture olfactive

Publication : par webmestre

 Le Sri-Lanka

Elle est fraîche cette odeur... non, plutôt, douce et légère et cette légèreté, elle m’emporte dans mon enfance : août 2004, destination Sri-Lanka.
C’est la période des fêtes religieuses. J’avance vers le temple et j’aperçois des femmes, des hommes et des enfants en tenues traditionnelles et je vois dans leurs regards une certaine joie de vivre ; j’entends des rires d’enfants se rassemblant autour d’un marchand de glaces et je sens une délicate petite odeur. J’avance…et j’avance toujours vers le temple ; j’ouvre une grande porte massive, gravée, puis, plus aucun bruit. Je vois deux rangées : d’un côté des hommes et de l’autre des femmes. Je vais m’asseoir à côté d’elles et j’assiste à une cérémonie en honneur de Ganesh. Une dizaine de prêtres placés autour de sa magnifique statuette, recouverte de bijoux resplendissants, entonnent des prières en son honneur, puis, tout à coup, je ressens à nouveau cette délicate petite odeur mais cette fois-ci, je la trouve harmonieuse et conciliante et j’ai l’impression que cette exhalaison apporte une certaine sérénité dans ce pays de guerre, de souffrance, de violence où une partie de la population est victime de la misère et de la famine. A cause de quoi ? Eh bien à cause d’un malentendu entre deux Peuples : les Cinghalais et les Tamoules. Les Cinghalais, qui sont majoritaires dans ce pays, prétendent que les ancêtres des Tamoules viennent de l’Inde du sud et donc utilisent tous les moyens afin d’exterminer le peuple tamoule. Pourquoi cette rivalité, cette agressivité, cette terreur dans une magnifique petite île où il y a diverses cultures et religions ? Pourquoi voir des femmes veuves, des enfants orphelins et des êtres humains qui s’entretuent ? Pourquoi avoir toujours au fond de nous cette peur d’être Tamoule ? Parce qu’on peut à tout moment se faire fusiller, torturer ou même violer par des soldats de l’armée Cinghalaise. N’est-ce pas injuste ? Voilà pourquoi la LTTE (mouvement de la Libération des Tigres Tamoules) s’est formée : afin de défendre le Peuple Tamoule et d’obtenir la liberté et l’égalité ; alors pourquoi prétendez vous que ce sont des terroristes ? ...Je me retourne et je me rends compte que cette senteur provenait de jolies petites fleurs blanches posées délicatement autour de statuettes de cuivre. Je souhaiterais un jour que ces fleurs de jasmin qui représentent l’amour, la paix, la pureté et la tranquillité fassent abolir toute cette haine et cette violence que peut endurer cette petite perle de l’océan indien.

Rakavi ANNAMALAI


 Tombouctou, pays de mon coeur

Hum… Quelle est cette odeur ? Attendez..., ce parfum m’éveille des souvenirs. Ah ! c’est bien ça, je m’en souviens enfin : mon voyage dans le désert de Tombouctou au Mali. Avec mes cousins, mes cousines, mes oncles, et mes tantes, j’y faisais des balades nocturnes à dos de chameau, ou, comme on dit chez nous, à dos de Noukoumer. Confortablement assise entre deux bosses, je me laissais bercer par le roulis de ma monture débonnaire. On se serait cru sur un vaisseau ballotté par les flots. Dans son immensité, avec ses dunes dorées, le désert fait penser à l’océan que rien ne vient troubler. C’est merveilleux ! Au loin, on entend des femmes ; rassemblées autour du feu, elles entonnent des chants traditionnels tout en préparant le repas typique du pays : le Tièbe, du riz avec une sauce à l’orange, accompagné des légumes et du poulet. Les djalé – musiciens du village – battent le tam-tam. On entend les rires des enfants qui jouent. Quelques rares oasis surgissent du sable ; on s’y arrête un moment avant de reprendre la route. On prend son temps. Là-bas, il ne sert à rien de courir. On vit comme au ralenti. On oublie tout, les soucis s’envolent. C’est comme si on était sur une autre planète. Avec le vent qui se lève, on a l’impression de ne plus avancer, de rester toujours à la même place. On ne sait plus où est le ciel, où est la terre. Tout se confond. Du coup, on croit s’envoler. Sur le sable brûlé par le soleil, des pas géants de chameau retracent le passé fabuleux de Tombouctou...Tombouctou, pays de mon coeur.

Ranthio Bathily


Le Portugal : A Minha Terra !

Nos origines, c’est notre plus grande fierté, notre passé, notre présent, notre futur. Chacun a les siennes et chacun les porte différemment dans son cœur. Certains y pensent constamment, d’autres s’efforcent de les oublier ; elles existent pourtant en chacun d’entre nous. Elles sont très chères à mon cœur. Mon pays, ma famille, mon sang, ma fierté, mon identité : c’est le Portugal. Ce bout de terre pas très grand mais où la vie est formidable, où chaque moment passé devient inoubliable. Toute l’année mon pays me manque, ma famille me manque ; je n’ai qu’une envie que l’année passe plus vite, que les vacances arrivent et que je retrouve enfin « a minha terra » comme disent les Portugais émigrés en France. Plus qu’une envie ; c’est une obligation d’y retourner pour vivre à nouveau des moments intenses et si précieux comme les fêtes du mois d’août, organisées à « Ponte Da Barca », ville de mon enfance. Toute l’année, on les attend, ces fêtes, où la foule se presse, toujours plus nombreuse. Fête religieuse, à l’origine, « St Bartolomeu » multiplie les défilés, les processions, les concerts et les spectacles de toute sorte. Partout, ce sont des manèges, de la musique et des marchands ambulants. Ici ou là, on diffuse des vidéos « das torradas ». Plus loin, sur l’une des grandes places, se tiennent des « as tendas » avec des produits artisanaux. Et, bien sûr, à tous les coins de rue, on vend les « farturas », la gourmandise incontournable, que l’on déguste à n’importe quelle heure de la journée. Toute la ville est en effervescence pendant ces deux semaines de folie, les campagnes se vident, tout le monde afflue dans la ville où les voitures se font rares et les piétons envahissent les rues. Le bonheur se lit sur tous les visages et, quand vient le soir, un lien fraternel unit la foule ; c’est comme si tout le monde se connaissait ; les gens dansent et chantent toute la nuit jusqu’à l’aube.
Moi, j’en profite au maximum ! Pas un jour ne passe sans que je n’y sois. On y va en famille et on passe la nuit entière sur les manèges et les places publiques, à s’empiffrer de gâteaux, à chanter à tue tête et à danser jusqu’à s’écrouler de fatigue. Tous, sans exception, les jeunes comme les vieux, s’amusent ; on s’accoste naturellement, on se parle, on plaisante les uns avec les autres, souvent sans même se connaître.
C’est ça l’esprit de la fête ! C’est magique !
Cette odeur me rappelle les bonbons vendus à « St Bartolomeu », et bien plus, elle me rappelle mon pays, mes meilleurs souvenirs, « A Minha Terra ! ».

Daniel Cerqueira de Oliveira


Mon Oman

J’aime l’Oman.
J’aime un pays qui m’est inconnu

Cette odeur me rappelle des souvenirs imaginaires, des moments inoubliables qui n’existent que dans mon cœur. Je n’ai jamais vu ma terre natale, et pourtant je la connais. Quand je ferme les yeux, je peux voir la Batinah. Je peux voir cette plaine fertile qui longe la mer. On m’a dit qu’elle réunit la capitale Mascate et la frontière des Emirats et qu’elle est constituée des montagnes du Hajar. Ah le Hajar ! Je rêve qu’un jour je pourrais gravir le Jabal Shams, son plus haut sommet et me baigner dans un de ses magnifiques bassins naturels où l’eau est turquoise et chaude. Grâce à ses bassins on peut voir une multitude d’arbres fruitiers. Quelquefois je m’imagine mangeant des abricots, allongée sur un de ses rochers, bronzant au soleil. Certains pensent que l’on ne connait un pays qu’après l’avoir vu ; moi, je n’ai jamais vu Oman, mais il fait partie de moi. Je connais le bruit apaisant de l’eau dans la péninsule de Musandam et le bruit des bateaux pécheurs qui rentrent après une dure journée de labeur. Je sens avec la paume de ma main la douceur du marbre chauffé par un lustre de huit tonnes suspendu au dôme centrale de l’immense mosquée du Sultan Quaboos à Mascate et le tapis de 4000 m² qui le recouvre. Je sens aussi, les murs rugueux des forts de Nizwa, l’ancienne capitale… Attendez, oui, c’est ça, à Nizwa, on est vendredi et on peut entendre le bruit des dromadaires chargés de légumes et de dattes. De part et d’autre du souk on entend les marchands prêts à tout pour vendre leurs marchandises. Ubani nafuu !!! Ubani nafuu !! C’est le slogan des marchands d’encens. Pas cher ! Pas cher qu’ils disent. Sur le stand à encens les odeurs se mélangent et se confondent et là c’est la ville de Salalah que je sens. Je sens la ville toute vêtue de blanc et parfumée. Cette ville est alors l’origine de ma rêverie, ce parfum embaume tout mon être, me réconforte et m’apaise comme ferait une mère avec son enfant. Salalah, mère de l’encens tu inspires la beauté…Et quand vient la nuit, entendez avec moi le son des tambours lors du festival du Kareef à Salalah et le chant de cette femme qui par la seule mélodie de sa voix réunit l’Inde et l’Arabie. Voyez ses yeux entourés de khôl et sa bouche colorée de rouge. Voyez sa peau lisse et marron, que pare une couronne de perles, et son foulard noir aux motifs argent. Sentez pendant qu’elle chante son regard charmeur vous envoûter et entendez les rires des femmes qui dansent pieds nus sur un tapis multicolore. Mais voyez aussi le regard plein de sagesse de ce vieillard assis sur son tapis au sommet d’une montagne regardant l’horizon ainsi que la beauté de son Coran ouvert. Voyez le sourire innocent de cette jeune bédouine qui joue avec ses sœurs aux cotés de sa mère portant une burka noire et or, au milieu du désert. Ma terre et une terre de traditions, d’histoires et de bonheur. Ma terre me ressemble, comme moi elle a plusieurs visages et une multitude de secrets qui ne demandent qu’à être découverts. Ma terre est une terre d’abondance et de beauté subtile et spirituelle.
Oman ni yangu.
Cette terre est mon Oman.

Marina Hilal-Wado


Mon arbre...en Martinique

Cette odeur me renvoie à mon enfance, en Martinique, où dans mon jardin poussait un arbre. Un arbre ni trop grand ni trop petit. Il était entouré d’une multitude de fleurs différentes. Comme des hibiscus de couleur rose tirant vers le violet, des allamandas jaunes, des bougainvilliers rouges. On se serait cru dans un jardin botanique. J’aimais bien y rester quelques instants à l’ombre de cet arbre riche en odeurs. Lorsque vient le moment, vers juin, ce dernier se couvre de petites fleurs blanches d’où pousseront les fruits Ceux-ci viendront entre novembre et janvier. Avez-vous deviné de quel arbre je vous ai parlé ? Non ? C’est un mandarinier.

Nicolas Jean-Michel