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Sortie des 1ères S au centre historique minier de Lewarde

Publication : (actualisé le ) par webmestre

A l’initiative de Mmes Déliot et Tabary, les classes de Premières S1 et S2 se sont rendues au puits de Lewarde dans le nord de la France. Cette découverte du coron permet à deux matières qui semblent fondamentalement opposées de se rejoindre, le français et la géologie. Le professeur de lettres, M. Vaughan, s’est donc joint à la sortie. Pour aider à l’encadrement, la professeur d’Anglais Mme Akerraz et l’aide laboratoire Isabelle, originaire du Nord, ont également accompagné le groupe.
Situé à Lewarde, à 8km de Douai dans le Nord, le Centre Historique Minier se trouve au coeur du bassin minier. Il est installé sur le carreau de l’ancienne fosse Delloye qui regroupe 8 000 m² de bâtiments industriels, sur un site de 8 hectares.
Pour avoir tous les détails sur le centre historique :
http://www.chm-lewarde.com/fr/centre-historique/presentation-missions.html

La visite des élèves

Partis du lycée à 7 heures, les élèves sont arrivés au coron de Waziers à 10 heures, un premier arrêt pour s’immerger dans la vie des mineurs. Cette ville, inscrite sur la prestigieuse Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis Le 30 juin 2012, regroupe des maisons caractéristiques des habitats miniers. Les compagnies rivalisaient d’offres pour attirer les travailleurs. Être mineur a toujours été dangereux, et trouver des employés une tâche compliquée pour les compagnies privées. Elles offraient donc des habitats équipés à leurs employés. Au cours du temps différentes modes se sont développées : les corons, les camus … Ici il s’agit d’une cité jardin.

Partie 1 – Chapitre 6 (p.88)
Il ne savait pas, il voulait redescendre dans la mine pour souffrir et se battre, il songeait violemment à ces gens dont parlait Bonnemort, à ce dieu repu et accroupi, auquel dix mille affamés donnaient leur chair, sans le connaître.
Ils prenaient également soin de leur santé comme le montre l’hôpital de Waziers, transformé depuis en centre social.

Ce complexe était équipé des meilleures technologies. Associé aux « Gouttes de lait », dédiées au soin des jeunes enfants, il préservait la santé des habitants quel que soit leur âge.
La ville porte également la trace d’un autre phénomène. L’église de la ville, dédiée à Notre-Dame des mineurs, Sainte-Barbe, a été construite pour la communauté d’ouvriers polonais arrivée dans les années 1950.

Une fois au puits, les élèves ont pu visiter le Musée du Centre Minier et compléter leurs connaissances sur le charbon est les houillères françaises. Un questionnaire les a accompagnés dans leur visite, guidant leur réflexion. A la fin de la matinée les élèves ont mangé à la limite du terrain de la compagnie, certains à l’extérieur, d’autres au Briquet, nom donné à la tartine que les mineurs emmenaient au fond.
En début d’après-midi, après un temps libre, les élèves ont été séparés en deux groupes pour participer à différentes activités. Selon le groupe l’ordre variait mais le programme déterminé par les professeurs se composait d’une présentation du charbon en tant qu’énergie, d’une visite de la mine et d’un témoignage de mineur.
Partie 3 – Chapitre 1 (p.152)

La cage se décrochait, tombait comme une pierre au fond d’un trou, sans qu’il tournât seulement la tête pour voir fuir le jour.
La visite du puits était particulièrement attendue par les élèves, et le port d’un casque de chantier renforçait l’appréhension de certains. Les élèves sont en réalité descendus… d’1 étage ! La mine est une reproduction d’une veine située à 480m. Les lois françaises ont visé à faire oublier le passé du charbon, la plupart des puits a donc été rebouchée ou inondée et leur accès condamné. La section présentée ne représente qu’un dixième de la réalité.

Germinal

Zola fonde le mythe entourant les mines avec la publication de son roman Germinal en 1885, peu après une grève d’une ampleur sans précédent. L’action du roman se situe environ trente ans plus tôt dans les corons du Nord de la France.
Etienne Lantier a vingt et un an au début du roman. Renvoyé pour avoir giflé son chef des chemins de fer de Lille où il exerçait le métier de mécanicien, il se fait embaucher dans le nord de la France aux mines de Montsou. Etienne est hanté par un mal héréditaire. En effet, il est le dernier enfant de parents alcooliques et lorsqu’il boit, il devient méchant et une frénésie meurtrière s’empare de lui.
Au Voreux, il fait la connaissance des Maheu, une famille de mineurs, et tombe amoureux de leur fille, Catherine. Même si celle-ci ressent une attirance pour Etienne, elle est la maîtresse de Chaval, un ouvrier brusque qui la bat. Une forte jalousie oppose les deux hommes.

Les conditions de vie misérables des mineurs indignent Etienne. Lorsque la Compagnie des mines décide de baisser les salaires en raison de la crise économique, sa colère s’intensifie. Etienne a la tête remplie de rêves. Il imagine une société où règne la justice et pousse les mineurs à la grève, poussé par des idéaux révolutionnaires socialistes. Après plusieurs semaines, les grévistes affamés cèdent à la violence et déversent leur colère en criant sans cesse : « Du pain ! Du pain ! », mais reprennent le travail lorsque l’armée intervient.

Un ouvrier anarchique, se nommant Souvarine, sabote alors la mine. C’est un vrai carnage, toutes les galeries inondées s’effondrent causant la mort de nombreux mineurs. Etienne est bloqué dans la mine avec Catherine et Chaval. Les deux hommes se défient et Etienne finit par tuer Chaval. Il devient l’amant de Catherine qui finit par s’éteindre d’épuisement dans ses bras.

Etienne parvient à sortir sain et sauf et décide de partir pour Paris. Tous ses rêves d’un monde meilleur sont réduits à néant mais il garde le cœur plein d’espoir : il sait au plus profond de lui qu’un jour arrivera où la force ouvrière, encore en germination, s’organisera pour venir à bout des injustices.

Le charbon en France et dans le Nord pas de Calais

La fosse Delloye est relativement petite, elle a fonctionné de 1931 à 1977 et a accueilli jusqu’à 1000 mineurs. Le musée s’y est installé en raison du regroupement de bâtiments d’origine.

Au puits Delloye, ont travaillé des mineurs de plus de 29 nationalités différentes. Des Belges au XVIIIème siècle, des Italiens entre les deux guerres, plus de 100 000 Polonais de Westphalie dans les années 50. La dernière vague d’émigration était composée de 78 000 Marocains à la fin des années 70.
Les mines sont nationalisées par le Général de Gaulle après la Deuxième Guerre mondiale. A partir de 1960, il est plus coûteux de produire du charbon que de le vendre. Le gouvernement décide donc l’abandon de cette source d’énergie mais pour éviter que tous les mineurs ne se retrouvent au chômage en une seule fois, la fermeture a été progressive pour permettre la transition énergétique. Les employés se sont vu proposer des reconversions, notamment avec l’installation d’une usine d’un autre groupe nationalisé : Renault, à Douai, au cœur du bassin minier. Certains ont été orientés vers d’autres fosses en Alsace, ou vers des formations leur permettant de monter leur propre entreprise.
La dernière mine de la région a fermé le 21 décembre 1990. En France en 1988, produire une tonne de charbon coutait 97 $, cette même tonne ne coutait que 33 $ en Afrique du sud, en comptant le transport et les taxes à la frontière. Cet important écart s’explique par une différence fondamentale entre les types d’exploitations, les mines d’Afrique du Sud sont à ciel ouvert, permettant l’emploi d’engins volumineux et puissants : les excavatrices. La plus grosse, entrée en Guiness Book des Records est allemande, il s’agit de la Bagger 288, qui mesure plus de 200m de long et 96m de haut.

Contrairement aux mines d’Afrique du Sud, les mines françaises sont quasiment exclusivement souterraines et nécessitent donc, avant même l’exploitation, la réalisation de travaux onéreux : La construction des bâtiments de surface, le forage au travers du mort terrain, (d’environ 70m d’épaisseur), pour atteindre les veines. Tous ces aménagements impliquent la maîtrise de techniques, l’emploi d’une main d’œuvre spécialisée et d’acheter les terrains avoisinants. En plus, il faut dégager l’eau des tunnels à l’aide de pompes et réaliser le cuvelage pour sécuriser l’accès.
Les Français ont tendance à considérer que le charbon est une énergie du passé, limitée au roman d’Emile Zola, mais il a été exploité jusque dans les années 2000 en France et continu de l’être ailleurs en Europe : en Pologne, en Allemagne, en Espagne et en Angleterre.
Le premier producteur de charbon est la Chine, où les mineurs se comptent par millions. En 270 ans d’exploitation, de 1720 à 1990, le bassin minier du Nord a produit 2 milliards de tonnes de charbon, la Chine en extrait 3 en une année. Les techniques d’exploitation varie d’une mine à l’autre et certaines ressemblent aux puits de Germinal.

Le charbon, source d’énergie

Le charbon s’est formé il y a 320 millions d’années au Carbonifère. A cette époque, le climat de la France était équatorial et de luxuriantes forêts s’étaient développées en bord de mer : les lagunes houillères. En cas d’inondation de la forêt, une vase riche en carbone se forme, grâce à la présence de végétaux morts à la surface de l’eau. Progressivement recouverte par les sédiments issus de l’érosion des terrains voisins, et sous l’effet de la pression la vase se transforme en roche, le charbon c’est la Carbonification. Au-dessus de cette couche, l’accumulation des sédiments se poursuit permettant aux végétaux de se développer de nouveau.
Pour mieux visualiser ce phénomène complexe http://www.youtube.com/watch?v=a6il7CcaPm4
L’exploitation du charbon en France est synonyme de Révolution industrielle. La machine à vapeur mise au point par James Watt dans la seconde moitié du XVIIIème siècle permet d’actionner les métiers à tisser des grandes manufactures. Ces machines nécessitent un carburant, le bois devenant de plus en plus cher, le gouvernement de l’époque s’est tourné vers le développement d’une énergie jusqu’alors exploitée de manière saisonnière par des paysans, le charbon.
Peu à peu les compagnies privées se développent et l’économie de la région Nord pas de Calais repose sur l’exploitation des sous-sols. Le XIXème siècle est la période de plein essor de l’industrie minière, rendue célèbre par Germinal. De grands mouvements de grève permettent l’acquisition de droits inédits pour les ouvriers.
Ce qui est extrait des puits est la houille, une catégorie de charbon, elle-même sous divisée. On trouve ainsi la houille grasse, volatile, la houille maigre, d’une meilleure qualité, enfin l’anthracite (ci-contre) qui contient 95% de carbone et offre par conséquent la combustion la plus complète.

Le charbon a été progressivement remplacé par le pétrole, une roche liquide dont les propriétés énergétiques ont révolutionné l’industrie. Pour la France, le pétrole présente l’avantage d’être plus simple à extraire : s’il est déjà sous pression, il suffit de percer la poche et il jaillit naturellement, dans le cas contraire, une pompe suffit pour l’exploiter. L’extraction et le transport étant moins chers et plus simples, le pétrole coûte moins cher que le charbon.
La crise pétrolière des années 1980 bouleverse cette certitude, la France se tourne alors vers le nucléaire et développe rapidement un programme compétitif. Chaque forme d’énergie a ses avantages, celui du nucléaire est qu’à partir de peu de matière on est à même de produire une grande quantité d’énergie. D’autre part, il ne rejette pas de CO2, un gaz à effet de serre, mais les résidus de la fission sont extrêmement radioactifs.

Le puits de Lewarde

Les couches de charbon sont très fines dans le Nord, les veines mesurent environ un mètre d’épaisseur, la plus petite jamais exploitée laissait à peine la place d’un homme couché, 38cm. De plus elles sont inclinées suivant un fort pendage, on dit des veines qu’elles sont plissées ou faillées. Dès que les mineurs se retrouvent face à du grès ou de la silice, qui signalent la fin de la veine, il faut faire redescendre les géomètres et les géologues afin de redéfinir la direction dans laquelle creuser, ce qui demande encore de l’argent, augmentant dans le même temps le coup de production. La géologie complexe du sous-sol limite l’emploi de machines. Les calculs des géologues sont essentiels car il faut 5 mois en moyenne pour monter une excavatrice, si elle se retrouve rapidement face à un cul-de-sac c’est autant de temps de perdu.
Partie 1 – Chapitre 3 (p.53)
Le puits dévorateur avait avalé sa ration quotidienne d’hommes, près de sept cents ouvriers, qui besognaient à cette heure dans cette fourmilière géante, trouant la terre de toutes parts, la ciblant ainsi qu’un vieux bois piqué des vers.
La fosse Delloye se compose :
 d’une passerelle pour les ouvriers, elle permet de traverser le carreau sans perturber l’important trafic ferroviaire en dessous.
 de deux tours, chevalements ou chevalets, qui indiquent l’emplacement des puits par où descendent les mineurs. Il faut obligatoirement deux puits, l’un servant de ventilation.


 d’une salle de moulinage, il faut savoir que le charbon extrait n’est pas pur, il contient aussi ce que les mineurs appellent du tout-venant (comme du grès) il faut alors le trier, il est envoyé dans un moulin (d’où le terme de moulinage). Puis, manuellement, souvent sans gants, des femmes, (caffut, en raison de leur coiffe du même nom) ou de jeunes garçons (galibots) finissent le tri. Au bruit des machines s’ajoute la chaleur étouffante l’été, et le froid l’hiver. En 1957, le tri manuel est remplacé par la technique dite du lavoir, le charbon remonté est plongé dans un bain et en raison de sa faible densité la houille surnage, pendant que le grès coule.
Partie 1 – Chapitre 3 (p.48)
Les cages montaient descendaient avec leur glissement de bêtes de nuit, engouffraient toujours des hommes, que la gueule du trou semblait boire.
 d’une première salle d’accrochage à 480m de profondeur, il s’agit de la partie la plus solide de la mine puisque c’est par là que s’effectue l’évacuation. La descente se fait à la vitesse de 8m/s soit 27km/h. L’ascenseur pouvait transporter alternativement jusqu’à 25 mineurs ou 2 berlines. La galerie principale et les différents étages sont reliés entre eux par de faux puits appelés bures. Pour foncer ces puits, les boutes feux, un des métiers les plus dangereux de la mine, utilisaient des marteaux perforateurs et de la dynamite, les débris étaient ensuite évacués à l’aide de grappins et de cuves.

Une journée à la mine

En arrivant à la fosse, le mineur se rend à la « salle de bains », ou salle des pendus, pour s’habiller. Les vêtements des mineurs sont ainsi suspendus pour favoriser le gain de place, aider au séchage des vêtements, grâce à un système de chauffage en hauteur, et faciliter le nettoyage de la salle.

Passage obligé avant la descente : la lampisterie. Le mineur y récupère sa lampe nettoyée en échange de son jeton. En fonction de la couleur de ce-dernier on peut connaître l’équipe à laquelle appartient le mineur : noir le matin, rouge l’après-midi et jaune la nuit. Si un jeton restait c’est que le mineur était resté au fond.
La mine est très organisée. Dans les veines travaillent les mineurs ou les ouvriers à la veine chargés de saigner la veine à l’aide d’outils à l’origine rudimentaire, un pic et une rivelaine. Les herscheurs récupèrent le charbon et le transportent jusqu’à l’accrochage. La nuit les broncheurs sont chargés de remblayer les veines abandonnées. En surface, sur le carreau, se trouvaient également des machineurs et des gardiens.
Une fois le charbon remonté il passait au moulinage, les débris de l’extraction forment le terril, puis la houille est expédiée grâce à l’important réseau ferroviaire.

Les mineurs

Partie 1 – Chapitre 4 (p.66)
Pourtant, à mesure que la journée avançait, l’air empoisonnait davantage, se chauffant de la fumée des lampes, de la pestilence des haleines, de l’asphyxie du grisou, gênant sur les yeux comme des toiles d’araignée, et que devait seul balayer l’aérage de la nuit.

Le réel danger pour les mineurs n’est pas tant le manque d’air, c’est surtout la présence de poussières. Les pneumoconioses regroupent les maladies causées par les différentes poussières. La silicose (radio ci-contre) associée au mineur, est incurable, elle est provoquée comme son nom l’indique, par la silice. Il n’y en a pas dans le charbon, mais en traversant les travers-bancs ou le mort terrain le mineur est amené à rencontrer des roches qui en sont constituées. L’anthracose est propre au charbon ; les mineurs respirent tous les types de poussières, on ne peut pas dire qu’ils développent une maladie en particulier.
La place des femmes et des enfants a souvent évolué au cours du temps. Au XVIIème siècle, dès 7 ou 8 ans un enfant pouvait aller au fond. Le XIXème siècle voit les premières réformes, en 1813 une loi interdit l’embauche en-dessous de 10 ans. Celle de 1874 va plus loin et limite l’accès au jeune de plus de 12 ans et l’interdit aux femmes. Les mineuses poursuivent leur activité au fond et une deuxième loi plus stricte, en 1892 y met un terme définitif. Les femmes continuent de travailler à la mine mais sont employées au moulinage ou à la lampisterie. L’entretien des lampes était primordial à cause du grisou. Les lampes devaient être nettoyées chaque jour et remplies de Benzine. Avec la généralisation de l’électricité et l’introduction des lampes à chapeau, le travail des femmes a encore été réduit. En 1946, seuls les jeunes de plus de 14 ans sont autorisés à travailler au fond. En Espagne, dans les années 90 un collectif de femmes s’est battu pour avoir le droit de descendre de nouveau dans les puits, elles ont obtenu gain de cause, car la constitution espagnole interdit la discrimination basée sur le sexe face au travail.
L’exploitation minière est également à l’origine d’expression ou de mot comme « rescapé ». Le 10 mars 1906 a eu lieu une terrible catastrophe dans le Nord Pas de Calais qui a attiré la presse de l’Europe entière. Les journalistes entendaient les mineurs parler entre eux, ces derniers prononçaient le mot « échappé », « escapés ». Déformé par les journalistes, le mot « rescapés » allait bientôt apparaître.

A partir de 1847 des chevaux sont introduits dans la mine pour tirer les berlines dans la galerie principale. Ils devaient être petits, dociles et puissants pour pouvoir tirer une douzaine de berlines, qui pleines pesaient 500 kg chacune.

La descente d’un cheval durait entre 4 et 6 heures, il était choisi par le vétérinaire et acheté par la Compagnie. Si le cheval n’arrivait pas à s’habituer au fond il était rendu au vendeur. Une fois au fond le cheval ne remonte qu’en cas d’absolue nécessité, maladie ou vieillesse, et passe sa vie dans son écurie, les chevaux étaient également remontés en cas de grève prolongée ou lors des congés à partir de 1936. A l’origine les mineurs étaient mécontents de leur arrivée car elle supprimait des emplois, ils se sont avérés être des aides précieuses, et étaient particulièrement soignés par le mineur qui leur était attribué. Le dernier cheval est remonté du fond en 1976.
Le principal problème des mineurs a toujours été la poussière qui cause de nombreuses morts, de manière directe et indirecte. Le charbon présente la particularité d’être très poreux, le gaz se trouve à l’intérieur. Pour lutter contre la silicose et les ravages du grisou les compagnies ont fait injecter de l’eau, l’humidité atteignant alors jusqu’à 80%. D’autre part, l’arrosage du charbon la nuit créé d’autant plus de boue dans les galeries.
Une catastrophe bouleverse la profession des mineurs. Le 10 mars 1906 la compagnie de Courrière est frappée par un coup de grisou et une étincelle électrique a enflammé des poussières de charbon en suspension. Le feu s’est répandu à plus de 1000km/h dans 110 km de galerie. 1099 des 1700 mineurs au fond ont péris. En 1911 un ingénieur, Taffanel, a eu l’idée de placer des poussières ininflammables (ci-dessous) dans des bacs pour stopper le souffle. Théoriquement, la puissance d’un tel évènement s’il devait se reproduire, retournerait les bacs, stoppant net la progression du feu.
Cependant, le 27 décembre 1974 le souffle était trop « mol » pour retourner les bacs, causant la mort de 42 mineurs. Un nouvel arrêt barrage a alors été développé, les poussières ont été remplacées par des cuves en polystyrène contenant de l’eau, sous l’effet de la chaleur la cuve explose et un mur d’eau se déverse, éteignant le feu.
Cette catastrophe a également vu l’introduction de lampe de sécurité, les lampes Davy.
Pour en savoir plus sur la catastrophe de Courrière
http://www.chti.org/mine/courrieres/

Témoignage d’un mineur

Partie 3 – Chapitre 2 (p.183)
"On travaillait en vraies brutes à un travail qui était la punition des galériens d’autrefois, on y laissait plus souvent la peau qu’à son tour, tout ça pour ne pas avoir de la viande sur la table, le soir".
L’homme que nous avons rencontré a commencé à travailler à 14 ans après avoir obtenu son certificat d’études. Jeune, il n’avait ni téléphone, ni télévision et pour se faire de l’argent de poche il s’est mis à travailler à la mine. La majorité de son argent était donnée à ses parents qu’il aidait aussi à la maison après le travail. Son père lui a appris qu’il faut mériter ce qu’on a. Quand il a commencé à travailler, des enfants de 7 ans pouvaient être embauchés pour 12 à 14 h par jour sans être payés.
L’année de ses 28 ans, il a été confronté à un éboulement dans lequel il a été coincé deux jours. Une galerie peut s’effondrer et tuer tous les gens s’y trouvant à un mètre près, c’est pour cela qu’il préfère le cuvelage en bois, qui contrairement au métal très lourd, averti les mineurs avant de céder. Un éboulement au Chili a marqué les esprits, la mine entière s’est effondrée mais 30 mineurs ont survécus. L’étayage métallique a peut-être amélioré la sécurité des mineurs mais il a également augmenté la pénibilité de leur travail. Ils passaient des journées entières à genoux, à porter 95kg à bout de bras dans la boue et l’eau. Ensuite, ils devaient les enlever la nuit une fois l’extraction terminée, pour pouvoir les réutiliser : Cette opération s’appelle le foudroyage. Elle est délicate et peut être à l’origine d’accidents mortels au moindre manque d’attention.

La très forte humidité provoquée pour se protéger des poussières sature l’air à près de 80%. L’eau est également une menace. En profondeur, les mineurs peuvent percer des nappes phréatiques ou des poches. Pour s’en prévenir, des pompes et des puisards sont installés. La poussière aggrave la vie des mineurs, la silicose est provoquée par la calcification de micropoussières. Les gaz sont un danger pour les mineurs, le grisou, presque du méthane pur. Pour l’aération, deux puits minimum étaient nécessaires, mais les mineurs avaient des moyens pour prévoir les coups de grisou, un gaz présent dans le charbon. Certains utilisaient des canaris mais pas dans le Nord pas de Calais, avec les marteaux piqueurs il n’était pas possible de les entendre. Les souris descendues avec les chevaux dans l’avoine ont un instinct de survie plus développé que celui des humains, si elles se mettent à fuir, un éboulement est à craindre. Les lampes peuvent également permettre de visualiser la nappe de gaz la flamme peut bleuir ou grandir.

ABC du mineur :
Berline = benne roulante pour le transport de la houille.
Bure = faux puits, qui ne débouche pas au jour, reliant différents étages d’une mine.
Carreau = L’endroit où était stocké le charbon extrait et par extension la surface
Coron = ensemble de maisons d’habitations de mineurs construites par la compagnie, et toutes identiques.
Cuvelage = bossage d’un puits de mine.
Foncer = creuser
Fosse = ensemble des installations d’un puits de mine.

Goyot = boyau vertical le long du puits permettant le passage de l’air, et muni d’échelles pour la remontée en cas d’urgence.
Grisou = gaz combustible qui se dégage spontanément dans les mines de charbon.
Internationale = Association internationale des travailleurs fut fondée à Londres en 1864. Karl Marx en avait rédigé le manifeste fondateur.

Lampe Davy = lampe de sûreté à grillage métallique qui évite les explosions dues au grisou, inventée par le chimiste et physicien anglais Davy (1778-1829)
Livret = Un décret de 1855 avait rendu obligatoire, pour tous les ouvriers, un livret mentionnant toutes les entreprises où l’on avait travaillé. Le détenteur devait obligatoirement le faire viser par mes autorités de l’endroit où il venait résider. Il fut supprimé en 1869.
Mort terrain = couche de terre sans charbon, d’environ 70m d’épaisseur.
Porion = contremaître, il a au-dessus de lui un maître porion.
Rivelaine = pic de mineur à deux pointes.
Taille = petite galerie dans une veine.
Terri ou terril = amoncellement de déblais remontés de la mine, aussi crassier.
Veine = couche de charbon à exploiter.

Isabelle, 1ère S1

Voir en ligne : Centre historique minier de Lewarde